Confiance

Confiance

Voici le signe dénoué de cette tragique éloquence d’une Europe vouée à l’échec, mais la faute à qui, à ceux qui la refusent, à ceux qui l’ovationnent, à ceux qui l’imaginent, l’apprivoisent, la contemplent, la haïssent, trop de boucs émissaires faciles, trop de strates de populations remarquées ou remarquables, non, il n’y a ici aucune faute prononcée sinon celle de l’égarement et des uns et des autres, violés psychologiquement et sociologiquement par cette entreprise de terrassement que l’on nomme la mondialisation univoque, cette face curieuse sans états d’âme broyant impitoyablement les êtres, les peuples, les identités, au nom d’une forme informe levant parfois ses voiles dans le cœur de réunions discrètes où s’unissent les champions de ses vœux.

Tonitruants à souhait la disparition de l’élément humain pour ne plus laisser place qu’à un butut vide, ignorant, sans racines, équivoque jusqu’à la partie la plus vive de son anatomie, ventre gargantuesque ne se préoccupant pas de sa liberté de penser, de créer, de vivre tout simplement, de s’épanouir et de se transcender, le pouvoir détenu et détenant s’occupant de l’assimiler dans le "bonheur", illumination stérile voguant, le vent en poupe par ses voiles orientées, levant d’une culture soumise, de médias à genoux, de penseurs affligeant libérant le bien pensé, philosophie de la destruction des identités, de leur essor, de leur valeur, pour faire place à l’idolâtre perception, idolâtre en ses malversations, en la ligature de la pensée qu’elle provoque.

Toutes faces conjointes en son terme s’affirmant dans la déréliction de son avenir, troupeau sans âme errant à la recherche de sa nourriture, petits chiots de Pavlov ruminants après le plaisir, faces gigantesques d’un sado masochisme triomphant dont on voudrait voir les humains s’emparer afin de les circonvenir, les obliger à ce rôle souverain voyant l’esclavage couronné, mais cela serait sans compter avec l’esprit de veille et l’instinct de survie existant en chaque être humain, qui tous deux avec ce courage remarquable qu’on leur connaît, s’élèvent avec fermeté afin de triompher de cette folie galopante qui semble vouloir submerger le monde des vivants, témoignant ainsi du piège dans lesquels s’enferme leur créateur, pris à leur propre démesure qu’ils ne pourront contrôler, car la nature revient toujours à l’équilibre, et cette loi n’est pas réductible, ne leur en déplaise, ainsi confiance faut-il garder…

© Vincent Thierry