Avant

Avant

 

Ainsi viendrais-je dans la pure lumière de la beauté, le ravissement des heures, et la portée des espaces infinis, ainsi viendrais-je dans ce Chant sacré qui inonde de sa Luminosité les Mondes et leurs Chants, ainsi vers toi Mon Dieu, rejoindre l’Éternité du Christ et sa pure bonté, Chevalier de ce Monde en son Temple, revenu des sens pour d’une allégresse élever d’autres Mondes par ces cœurs et ces hymnes fécondant tes Univers, et mon regard viendra ce Chant Souverain de cette Terre qui me fût naissance, cet apprentissage de la Vie matérialisée dans son essence et sa gravité, et toujours des Êtres en mes racines, des Êtres en mes lendemains et de mon amour Éternel, j’iriserais de bienveillance leur sort et leur densité, les révélant à la Divinité de votre Chant.

Ce Chant de l’Absolu dont les cristallisations nous sont éveil et plénitude, ainsi viendrais-je votre illumination que l’azur enveloppera des frais parfums des roseraies de l’Ouest, marchant dans la gravitation de la pluralité des mondes qui s’entrecroisent dans des volutes aux portiques tressés de rêves et de songes, tous les songes et tous les rêves de notre Humanité, marchant encore et encore les degrés des étincelants rivages parlant aux flots des Océans, aux cimes éveillées des forêts majestueuses, des prairies envoûtantes où un souffle de vent se joue des épis des blés mûrs.

Et mon regard glissera vers les cieux aux citadelles de florale demeure où la tendresse des Êtres que je quitterai redeviendra dans le ciel de votre mansuétude, aux orbes du temps qui se dissiperont, là dans ces lieux en majesté où l’écrin de l’Amour réuni à jamais les Amants immortels, sous les baies d’orangers et les frises des flores éveillées, dans ces préaux où les lacs mirent les ondes de votre ultime vérité en laquelle nous nous fondrons pour fonder vos cycles éternels, ainsi viendrais-je, mais auparavant, aux rives en propos, aux altières définitions des hymnes, affronterais-je vos épreuves, de lourdes vagues sans promesses, de vastes fumerolles étincelant les draperies de ce monde.

Dans la rectitude de l'Être en l'œuvre et par l'œuvre, toujours debout au milieu des ruines, vive arborescence de la souffrance, de ses règnes, de ses devises, de ses sorts, avec ce sentiment de ne jamais me plaindre de leurs équinoxes, avec cette force d'être encore et pour toujours dans cette foi inflexible du guerrier qui ne doit se laisser terrasser par l'adversité, avec ce feu vivant de la Foi incarnée du Templier voguant au-dessus des eaux, en grâce du Christ Roi, toujours veilleur des heurs et malheurs de ce monde Humain.

Délaissant cris et larmes amères, dans ce combat qui se doit, comme le fruit se désigne, comme l'argile rejoint la pierre, comme les semis de moisson éclosent les divines prairies, combat mené par chaque fibre de mon corps, de mon esprit, de mon âme, afin de porter plus haut le flamboiement de la divinité, Diamant foudre qui se doit, passant à travers les événements comme le souffle du vent, comme le rayon du soleil, comme le fleuve impassible, ne laissant pénétrer l'aigreur du destin, ses moires aisances serviles, ses thuriféraires hostilités, car inscrit dans le cycle et par le cycle de notre renouveau, de cette fertile incandescence qui ne disparaîtra aux lendemains des temps, délaissant les brouillards pour voguer vers la pure luminosité.

Plus tard, toujours plus tard dans le devoir d'accomplir, générer, délibérer et éveiller, ainsi alors que ce combat commence, alors que l'écharpe des armures scintille d'un feu vivant qu'il faut faire prospérer, ainsi sans larmes, sans haine, sans disproportion, j'avancerai dans ce combat, ainsi dans le sourire d'une victoire essentielle qui se doit, pour ces Autres, ces rives de l'Humanité pour qui tant reste à faire, tant doit être fait, ainsi dans la perception du chant qui vient, de cet hymne enlacé de la douleur qui pourrait être désespérance mais qui dans son calvaire sera résurrection.

Ainsi alors qu'au bord de l'abîme se dresse la cime à atteindre, dépasser et clarifier, tel en ce lieu, tel en ce chant, car le poète, messager et éclaireur des mondes doit-il se battre, battre par tous les moyens, battre pour vaincre, sinon périr en combattant, seul règne de l'humain en sa préhension, son ascension, sa formidable désinence ouvrant sur toute transcendance, car il est de ce lieu en compréhension et par cette compréhension témoignage, et ce témoignage ne doit s'abstraire dans d'indivises lamentations, dans ces sommes déployées qui ne sont que des haillons dont il faut se séparer afin que la Lumière de toute création resplendisse à jamais et pour l’éternité.

© Vincent Thierry