Force et fragilité

Force et fragilité

 

De la fragilité de l'Humain. Mais de sa force aussi. De recherche en recherche, nul pour nous dire pourquoi cette célérité dans l'action de la survie, que cette face majestueuse de la Vie qui combat au-delà de tout naufrage et ce ne sont nos actes, nos intentions, ce préfixe, ce suffixe que la nuit obvie, téméraire incluse dans le désespoir le plus complet, dans la nidification de ces heurs et malheurs que la nature humaine engendre lorsque son unité se ramifie, s'exclue, s'improvise, qui y changeront quelque chose, car l'Humain est avant tout un combattant pour la Vie, en la Vie et par la Vie.

Ainsi les hautes vagues aux déploiements stériles qui voguent vers des grèves sans assiduité, dans un contexte où il n'y a plus rien que le morne silence des embruns, sacrifice de houles passagères, mensongères qui d'écarlates en écarlates s'effondrent au firmament, dans une pluie de larmes inconsolables, ne sont-elles de mises dans l'enjeu qui se doit en chacun, quel que soit le problème auquel il est confronté. Et ne faut-il pour chacun s'évader dans le temps de partir de cet écrin qui est, accroire que la reconquête n'est plus qu'un désert où s'enlisent les espoirs, les captations des naufrages assidus, et dans la pluie de l'aube les marches forcenées qui ne mènent nulle part, sinon dans la superficialité du vide et de ses acropoles, car dans ces degrés, et peut-être plus particulièrement dans ces degrés le combat de chacun se justifie.

Ici se tient la mesure sans oubli, voyant des villes fantômes où n’errent ni revenants, ni constructions, rien que le silence inouï, marbrant de ses nefs l'insondable écueil d'une parousie d'un renouveau qui est la marque du combat lui-même, suavité des secondes qui s'écoulent, dans l'azur et la prononciation de l'azur. De ce monde les échos, mille parchemins qui s'entrelacent, dans la raison du verbe, dans la densité des diaphanes éloquences, marbrant le chemin de la Vie en ses essors, où la pluie de l'aube assigne en leurs fêtes de nouvelles féeries, des accents sans inquiétude qui parlent de nouveaux parcours.

En ce monde et par ce monde, en cette majesté qui nous est alcôve un instant seulement, dont l'élasticité du temps rend compte, libre dessein des âmes qui ne s'ignorent dans la reconnaissance de l'Éternité, dans la prononciation du Nom qui ne s'oublie, si présent au moment où tout semble s'étioler, se circonvenir, alors que l'on s'enfonce dans de nuageuses perceptions. Et le combat ici devient témoignage, voyant l'Être debout, rappel du savoir que nous sommes en, et, de ce Nom, et que son immensité nous est un lac d'eaux claires où nous voguons, voyageur de son infini comme de sa majesté, voyageur de nefs en nefs vers l'éblouissant cristal de sa parure, celle azurant les univers innombrables, où nos chants s'aventurent, où nos signes se fécondent, où l'astre lui-même se correspond, dans une fertilité absolue que rien ne peut dissiper, que rien ne peut exclure, si tant de ses univers la disparition d'un seul de ses atomes voyant l'effondrement de tous les univers, ces univers que nous voyons, ces univers que nous respirons, ces univers que nous visitons, ces univers que nous admirons.

Éveil à notre Éternité qui ne se mesure, qui ne se déclare, qui est tout simplement, attendant que nos précieuses écumes se chargent de l'expérience de ce qu'inclut l'Éternité, attendant nos cargaisons de rêves comme de règnes, attendant de cette escale dont nous sommes passants cette communion de la Matière Spirituelle qui, sans naufrage, sera conquérante des mondes à naître et essaimer, ces vastes promontoires qui ne s'isolent mais vont la perception afin de fonder le corps de cette Éternité qui nous veille.

Chemin du chant dont les multiplicités sont parmi nous et au-delà de nous dans l'approche symbiotique élevant au firmament le regard de l'évanescence des contingences qui nous immobilisent, dans le cœur de ce temps qui n'est qu'un instant de notre Vie par la Vie et en la Vie, indestructible par essence, polymorphe par nécessité, dans le secret de l'Éternité composée qui, inexpugnable, d'exfoliation en exfoliation, advient sa condition souveraine dans le corps de l'Absolu. Ainsi le combat ne doit-il jamais tarir dans l'éblouissement vivant, en ce lieu et par ce temps dont la nécessité est un principe indivisible de la nécessité transcendante en rencontre de la nécessité immanente. Ainsi.

© Vincent Thierry