Vois-tu ce vaste monde?

Vois-tu ce vaste monde ?

 

Et d'écrins en écrins ne vois-tu ce vaste monde où tout est en un et un est en tout ? Monade des âges sans âges qui se correspondent, virevoltent dans une allégresse majestueuse. Et nos cris et nos plaintes comme les mugissements du vent ne s'y éternisent devant sa luminosité sacrale, qu'un chant fier adresse, là, ici plus loin, aux désinences que l'hymne prairial enchante de fastes aux tumultes joyeux des roseraies de l'ouest tandis que les buccinateurs contemplent les féeries, venant des préaux d’abeilles, au miroir danser l'éternel renouveau.

Parfum des cygnes aux exquises langueurs de romarins vêtus de tendresse, d'énamoures et de fêtes, où l'apprenti de la vie s'expose, chamarré d'ivresse. Ô clameur du vivant des stances effeuillées veillant la connaissance du séjour, dans cette bienséance sans apparats ne se félicitant mais incitant à ce don universel embrasant l’horizon ! Où nos signes en ses états, comme des hirondelles volant à tire d'ailes allant porter les nouvelles de l'amoureux printemps, sont missi dominici des couronnements votifs, des mariages de saisons, et des mûres agapes de la vie.

Tiares des racines résonnant aux clochers de joies vivantes et épousées, où se pressent les regards de l'enfance,  aux mille et une questions sur le soleil couronné, où s'avance l'adolescence, préau d’un sacre germant ses floraisons nuptiales, où les mondes de raison naviguent aux eaux vives des efflorescences d'un règne confiant, car de l'astre séjour maître de cet azur ne se réfugiant, d'où nous venons et où nous reviendrons dans la pluviosité sacrée, d'un revenir, peut-être, autant que le permet le cil devenu des conquêtes nouvelles à affairer, destiner et glorifier.

Ainsi la route naviguant dans la beauté précise, toujours en splendeur, ceinte du sceptre et de la couronne, et de la cape d'hermine à foison où chaque lion ciselé représente une invitation au partage, à cette symbiose du Chant dont la concaténation influe l'hymne souverain. Essor et candeur des mondes se reflétant, s'interpénétrant, se composant, s'initiant, s'embellissant, s'ordonnant, s'appropriant, dans une farandole de couleurs, dans le bruissement des semis de moisson, par-delà les enseignements, à la rencontre de l'immortelle randonnée. Souveraine en ses calices, ses nefs au firmament et ses caresses sous le vent, conjuguant l'altière maïeutique qui ne se trouble ni ne s'opacifie, pour, Théurge, annoncer les renaissances puisatières, là, ici, plus loin, dans un essaim de joies et de tumultes où le jeu épie sa juste renommée.

Comme un chant sous la pluie des amours enfantés, là, dans ce monde d'innocence où l'un se découvre l'autre, où l'autre se découvre l'un, formalisant ce nous indissociable, annonçant de fertiles ovations les fraîcheurs insoupçonnées des rêves anachorètes. Que les buccinateurs révèlent de jouvence dans la profusion des heures sans exclusion, grâce à la limpide appartenance à l'apparence liant dans l'éternité ses composantes, ses ramures, ses tendres élans, portant l'enfant vers sa mère, l'amant vers sa déité, tous d'une force portant le monde à son éclosion. Moment de grâce et de beauté, moment magique où les mages et les sages se découvrent pour enfanter l'œuvre, sa densité, sa certitude, dans un cénacle où les voix multivoque concordent pour annoncer la fraternité, la spontanéité, et l'image souveraine de la symbiose éclairée, que l'un n'est pas sans l'autre, que l'autre n'est pas sans l'un, que l'un n'est rien sans l'autre, que l'autre n'est rien sans l'un.

Ainsi alors que se dévoile que un est en tout et tout est en un, par la connaissance profonde des rives de ce monde s'ouvrant sur d'autres mondes dont tout un chacun est dimension, éclairante et éclairée. Vaste préambule dont les sources fondent les fleuves natifs aux rayonnements solaires, impérieux, souverains, majestueux, qui dans la translation du dire évertuent une onde favorable par le clair-obscur des pensées oublieuses, stigmatisées par son orientation, sa plénitude, son assomption. Haute vague de haute frénésie, délivrant des sépales ivoirins pour porter le signe de la raison de l'hymne, un hymne puissant et salvateur, un hymne de reconnaissance, à la détermination de l'éternité, parole des prophètes, des sages et des mages, paroles du plus puissant d'entre eux dans la concaténation qu'Il dévoile, assume et perpétue, le Christ Souverain, traversant l’Hadès pour nous revenir messager en sa glorification symbolique.

Suprême densité destinant la gloire de la création et de son Créateur. Qu'ici l'on oublie pour de pauvres brumes évanescentes, des minerais de pacotille, des enluminures sans valeur, toutes vanités se correspondant dans leur chute. La chute du vivant ne sachant plus qu'il ne s'appartient, qui ne voit plus qu'il est multiplié à l'infini, qui ne ressent plus l'émanation des songes ni des rêves, qui ne se consacrent encore moins, illuminé qu'il est par la dévotion au surfait, à l'avanie, ébloui qu'il est par la médiocrité, ses rubis factices et indivis, toutes ces négations de la vie courbant son front dans la boue.

Alors que les mondes se révèlent. Alors que les mondes de la Vie parlent et présagent, au-delà des nombres dans la plénitude de ces nombres du chemin de vivre, qu'il faut gravir pour mesurer l'Éternité. En vivant qui ne le sait encore et parviendra de rives en rives son accueil merveilleux. Ainsi soit par-delà le temps, et par-delà l'espace, pour naître en l'Absolu...

© Vincent Thierry