Voyage

Voyage

 

Des rives antiques nous viennent les horizons de ces lendemains qui seront, dans l'altière définition des mondes, dans cet espace de la Vie qui irradie la perception, là où les chemins se croisent, se superposent, et dans la divinité mathématique, ne s'isolent, ne se soustraient ni s'additionnent mais se multiplient pour offrir au regard puisatier l'aristocrate détermination du devenir, sans failles en l’aquilon qui s'élève, se parfait puis se perpétue, allant le fleuve impérissable de la Voie, de barques de cristal ou de bois de santal, de palissandre où d'ébène, toujours sur l'horizon appropriant le sens de l'éternité, ses principes indivis, ses concaténations fugaces, ses ouvertures majestueuses.

Ainsi dans la clarté éveillée comparaissant l’azur au firmament, montrant l’indécence de ce monde pitoyable où les vers rongent le fruit, ou, insectivores, des miasmes se déclarent autorité, barbarie sans nom ayant pour étreinte le vide, dont le regard dissipe les méandres pour voir dans la moisson des étoiles le répons de cils aventureux, de ceux ne s'éperdant, de ceux ne se reniant, de ceux d'écume et d'ivoire contant des émotions souveraines, aux marches triomphales de l'Histoire, aux marches jamais agenouillées de la réalité vivante transcendant toute face dans l'harmonie.

Là, ici, plus loin, dans ce sourire du vivant n’excluant ses propres racines et se perpétuant pour ouvrir au monde la beauté d'un mystère, celui de l'incandescence de toutes formes visitées, ainsi, alors que paressent de grandes nefs cristallines sur le bas-côté des fleuves impassibles, voyant se gréer les cohortes du renouveau de l'esprit intime de l'âme frappant à la porte de l'indécis, qui grandit, majestueux, de ses élytres se découvre, et sans apparat entonne l'hymne d'une élévation, dont la haute vague puise sa source en l'éternité, haute vague rejointe par la multiplicité dans un élan souverain.

Clamant la portée des mondes, entrouvrant une brèche dans le détail des heures, pour accomplir cette singularité des œuvres ne s'estompant mais s'amplifiant, se déroulant jusqu'en la nuit profonde, pour redécouvrir l'âge seyant à la grandeur, à l'honneur, à l'épanouissement, à la conduite de chacun en ses souffles de fertilité, arguant du dessein des aubes lumineuses ne tarissant mais éblouissant, activant dans l'Âme souveraine la rémanence du cil sans oublie, vague après vague, sans repos, distillant au creuset de la mémoire cette habile souveraineté du moi qui se répond, s'authentifie, et dans une profondeur s'interpelle pour venir au jour le soi émerveillé.

Instance gravitée où s'en viennent des foules non de moindre carré mais à la puissance sans limite dont chacune ruisselle, sans mots d'ordre, sans slogans inutiles, bons pour les bestiaux, la multiplication de l'intelligence humaine, ne se noyant dans l'imbécillité chronique de prêtres de la débilité, car foules souveraines, agissantes et supérieures au front de houle de la splendeur de l'horizon, avisant la rectitude morale, la densité impériale, revenant des panoplies anachroniques de la bêtise comme de l'ignorance, accouplées à la perversité, pour offrir à ce monde un chant martial, un chant conquérant tressant au-dessus de l'abîme un pont indestructible, celui de l'harmonie, délaissant à jamais les gouffres d’infortune dans le néant ovipare des limbes inachevés, afin d'offrir au monde par le cœur de leurs floralies la densité précieuse, non d'une émotion, mais d'une clarté souveraine destinant l'avenir et non le néant.

Haute vague s'il en fût, irréversible, balayant sur son passage tous les truismes du délire comme de ses apôtres, l'humiliation, la corruption, le chantage, la culpabilisation, toutes ces faces nées de l'atrophie et de ses vassaux, toutes ces fumerolles de la vanité se prenant pour le centre du monde alors qu'elles ne sont que des points par la sphère, ainsi alors que se lève dans les cieux le soleil glorieux dont le souffle arase la folie dimensionnelle, alors que se tressent des arcs-en-ciel de lumière baignant la Terre de lacs majestueux, et que l'oiseau vogue vers l'éternité...

© Vincent Thierry