De l'Aigle Souverain

De l’Aigle Souverain

 

Des signes sans errances aux marches de la plénitude, dans l’ascension du Verbe, de ses fêtes et de ses joies, s’en viennent, comme les flots, les sables blonds des routes maritimes, là où se manifestent l’ivoire, le palissandre et les fraîches cargaisons des sérails diluviens, mânes à propos des orichalques qui s’illuminent aux fantaisies des ors tumultueux, de racines en racines, hâlant de brumes opiacées les senteurs du santal, alors qu’en la ville promontoire, d’esquifs en esquifs, de barques en barques, de nefs en nefs, à la ressemblance des pensées volatiles, se tient, villégiature, l’Aigle souverain, dominant de son regard cimes et abîmes, vallées et forets, sentes et routes parcheminées d’ivresse, afin d’initier le temps.

Ce temps qui passe et ne se retient, ce temps vif et sûr, distant dans la distorsion de ses flux, de ses aubades, de ses clartés comme de ses renommées, temps du corps exploré, temps de l’esprit révélé, temps de l’âme éveillée, temps de l’unité retrouvée, cycles de parousie des sérails divins, qu’anachorètes les flots solaires abreuvent, étanchant la soif de la Vie, intarissable, opiniâtre, invincible malgré sa ductilité, ses égarements, ses appréhensions, ses développements fugaces, ses certitudes comme ses reniements, toutes notes musicales s’élançant par les sphères pour conter en accords une architecture éblouie ou bien aphone, selon le liant qui compose.

Architectonie du vivant qui se déploie sur l’horizon, mesure précise et limpide de ces lendemains à naître, perception, condition, volition, ordonnance, voies ouvertes sur la pérennité sous condition de concordance entre le potentiel de transcendance que chacun porte en lui et l’immanence majestueuse, inconditionnelle, qui navigue au-delà des fatuités, de l’orgueil, du mépris, du paraître, au-delà de ces conjonctions qui ressortent de l’incapacité à être, immanence naturelle et féconde dissipant les doutes, les malentendus, les circonspections, toutes fosses maritimes où les plus belles nefs ont succombé, fosses sans écrins que le paraître emporte en ses limbes initiées, que le vivant exclu afin de répondre à l’entendement de la Vie et de son azur souverain, ainsi alors que le promontoire des temps exalte le cristal du regard de l’Aigle invincible, qui, après avoir évalué la condition vivante en son lieu, mesure l’aune du travail a sans cesse renouveler pour l’éclore à sa pérennité, avant, d’un vol rayonnant, s’élancer vers l’immensité afin d’en gréer la réalité…

© Vincent Thierry