Ainsi la nue

Ainsi la nue,

 

Ainsi la nue dans la portée des  âges enseignés, volontaires de vagues puissantes aux bruines d'améthystes fondant les empires, vastes écheveaux de cils éveillés fracassant les houles sur des rivages fantastiques, témoins des algues aux frémissements divins, des pinèdes amarrées de blancs lichens, et dans la moisson des rites du vol altier des circaètes aux chants diaphanes, annonçant de nobles conquêtes par les prés bruns, les sources amazones, et les fleuves d'airain, tandis qu'en liesse, les équipages amarrent leurs nefs aux bois d'or, où se chamaillent les cohortes pour rejoindre leur centaine dans l'étoffe pourpre du matin.

Viaduc des cités, où s'assemblent les guerriers, aux plans natifs sans perte ni refuge de rus culminant ces promontoires inscrits situant les villes à prendre, les places fortifiées en dédale, et les blés mûrs nourriciers, dont les lourds tambours de bronze scellent l’avenir d'une voix tonnante, sans oubli des glaives frappant les boucliers d'onyx, dans un hurlement de métal faisant fuir ou se terrer les derniers ilotes aux curiosités avides, tout à coup le silence se fait, perceptible, accessible commuant la volonté de chacun dans un désir de parousie.

Sur son char de triomphe le consul présente ses desseins, lumières de l'horizon des sites en nombre et des armées de l'orient dont les lames profondes s'agglutinent aux orées des premiers arbres millénaires, tandis que se protègent les armées des premiers jets de flèches empoisonnées, l'heure n'est plus aux débats et les sages se retirent, la guerre est là, née de l'enlèvement des règnes de Rome, il faut vaincre ou bien mourir.

L'assaut est imminent, chacun retient son souffle, le consul a délaissé son char pour un fougueux alezan dont la crinière fauve renvoi des luminosités solaires, le combat s'engage, un corps à corps terrible ne laissant à la chair plus que la survie pour offrande, la mort, héritière, fauchant ses citadelles, ces êtres venus venger leurs filles et leurs mères, des flèches en flammes traversent le ciel pour inscrire leur éventail, laissant derrière lui un charnier sur lequel se précipitent vautours et nuisibles, la terre se gorge de vie, le ciel rugit, les voix il y a un instant, possédées, désormais se taisent, ne laissant place plus qu'aux cliquetis des épées qui s'entrechoquent.

Et les heures passent, des heures terribles jusqu'aux louanges victorieuses, tandis que le consul, seul, traverse cette orée jonchée de milliers d'hommes qui furent et ne reviendront, assurant la victoire de Rome certes, mais conjointes de combien de firmaments enfuis, de combien de rires et de chagrins, de combien d'amour déployé, de combien de sources tues en ce moment glorieux voyant déjà venir les premières cohortes rendre leurs armes.

Il fut un temps pour tout cela, ces guerres antiques flamboyant le sacre d'un empire qui nous reste comme destinée à renaître, non plus dans le flot des chairs, mais dans le flot du Verbe, la parole comme le dire étant bien plus prompts à terrasser les adversaires de la vie, il fut un temps aux marques essentielles de notre empire à reconstruire sur les cendres de Mammon, puisatier du sang noble de nos générations, immonde perversion dont ce siècle taira l'outrage fait à nos Peuples.

Après ses tentatives désuètes d'immoler notre Race par deux guerres fratricides, notre Race de l'Esprit qui ne doit rien à ce ver qui est venu pourrir notre sacre, ce sacre qui viendra lorsque nous aurons terrassé ses armées du néant, des armées multipliées qui seront anéanties totalement, car légions de la mort, légions traîtresses à leur nom comme à leur nombre, légions de l'ombre, du larmoiement, du délire de la persécution, qui devront être soumises, comme toutes les étreintes en leurs lieux, faisant ruisseler de sang ce monde en proie à leur déshérence.

Déshérence de la vindicte, de l'accroire, de cette pulsion primitive qui surgit de leur essor, qui ne doit rien au courage, à la tempérance, à l'honneur, mais tout à la fourberie, la traîtrise, la félonie, ainsi dans l'aube qui se lève et qui inscrit la disparition par conversion du parasitisme le plus houleux, le plus pernicieux, le plus infâme, celui du prédateur le plus répugnant que la terre ait connu, inhumain par excellence, ne devisant qu'en fonction de ses armées d'esclaves, de ses légions de courtisans, de ses voix compissées qui s'époumonent dans ce désert que nous nous devons de créer.

Un désert total, ignorant chacune des voix de ces errances, chacun des actes de ces déshérences, chacun des faits de ce parasitisme, afin de le laisser se  détruire dans ses miasmes et ses délires, toutes compositions abstraites suant le ferment de la mort et de ses équipages, dont il est le chantre et en lesquels il se décompose, car telle est ainsi la Loi de la Vie que celles et ceux qui se réfugient dans les torpeurs des noirceurs de la lie doivent disparaître inexorablement.

La Vie n'ayant besoin de ces scories pour, limpide, s'avancer vers l'Éternité, s'exfolier de ces buboniques errances paralysant son devenir, ainsi alors que le vent inscrit ce devenir, un vent qui se lève comme une mousson d'été pour laver à grandes eaux le corps malade de cette terre, destituant sa gangrène physique, son cancer intellectuel, son sida spirituel, restituant l'unité primordiale du vivant au vivant en ses moissons splendides, ses races souveraines, ses peuples glorieux, ses ethnies majestueuses, son humanité intègre, magnifiée par son unité respectueuse.

Permettant au-delà des latrines de ce temps, d'élever sa genèse vers l'immensité cosmique afin d'essaimer les univers de ses prodiges, ainsi alors qu'aux terres antiques s’élève le chant des buccinateurs, divin dans l'onde ignorant le temps comme l'espace, foudroyant les naines vespérales des enchantements désespérés, ceux masquant la volonté, ceux détruisant la vitalité, ceux couronnant l'innommable avec le mépris dantesque des brutes barbares.

Destituées par l'Empire souverain que fut celui de Rome qui recompose ses phalanges, qui arbore ses centaines, afin de fondre sur l’errance et la restituer à sa seule condition d'Êtres et non de nuisibles, essor d'une lame de fond dont l'intransigeance sera, dont la fécondité demeurera, loin des aberrations vivifiées par les déviances accoutumées, légiférées, par tous les chancres nodaux usurpateurs et prétentieux se voulant règne sous la férule usuraire, loin de ces agonies printanières, loin de ces hivernales désuétudes, loin de ce mouroir incliné dans l'abstraction.

S'imaginant l'égal des Dieux alors qu'il n'en est que l’atrophie la plus virulente, la plus aphone dans son addiction empathique qui n’est là que pour berner les innocents, tout un monde enrégimenté dans la flagellation, la culpabilisation, tout un monde tête baissée devant le crime qui se cache, le crime qui légalise pour que l'on ne perçoive pas ses délires insensés, ses invectives ordurières, ses actes de déments dont cent cinquante millions d'âmes demandent réparation.

Réparation pour ces crimes contre l'humanité avivée par les marchands du temple profané par leurs sourires libidineux, leurs mensonges grossiers, leurs délits opiacés, miroirs de toutes faces ridicules et ignobles qui disparaîtront lorsque la bourrasque des légions viendra parachever la renaissance de l'Humain, une renaissance que tout un chacun en ses racines, honorant ses racines, et respectueux des racines d'autrui, acclamera, pour enfin se libérer du carcan des injures, des génuflexions, devant toutes celles et tous ceux qui singent le vivant, incapables notoires à toute création.

Sinon celles de la désintégration de la beauté physique, de la pureté intellectuelle, de la transcendance spirituelle, de l'unité rayonnante de l'Être Humain, combattant de la Vie, en la Vie et pour la Vie sur ce minuscule vaisseau spatial dont l'organicité rompue devra être rénovée en éliminant systématiquement tout ce qui contrevient à son épanchement énergétique, chant qui vient devant les fléaux baignant nos terres de leurs exogènes errances, chant entendu déjà dans la marche triomphante des légions qui furent et reviennent pour araser du temps présent l'incantation de la peste qui ensevelit la terre et l'humanité…

© Vincent Thierry