Force souveraine

Force souveraine

 

Imaginal en force souveraine, là, ici, plus loin, des ramures l’exaltation, loin des opiacées et de leurs langueurs d’oasis, dans l’apprêt du temps, l’appariement de l’espace, éclair de la tonalité des vagues, instance sacrale qui ne s’émeut mais bien au contraire, épithélial, couronne les frondaisons du chant vivant, clameur, certitude, délivrance, aux feux antiques tressées d’armoiries sublimes, celles de nos racines, celles de nos essors, celles de la fécondité de nos terres, illuminées par le sang versé de nos ancestrales conditions d’honneur, de gloire, de cette beauté dynamique qui forge un Peuple.

Là, ici, toujours renouvelée, dessinant aux eaux claires les vertus de tous les principes de l’autorité du verbe, splendeur éployée aux mystères conquis des régénérations accomplies, illustres et prestigieuses, mantisses de nos frontières naturelles qui ne peuvent être dissipées, qui ne peuvent être dénaturées, sinon par la lie et ses demeures, cette lie qui couvre la terre en s’enrichissant par la mort d’autrui, chiendent de nos sols disparaissant devant les vents porteurs de vastes nouvelles.

Ces nouvelles que le cœur palpite, arborescent des houles bienheureuses lavant l’affront, l’injure comme le parjure, alors que les oiseaux lyres épanouissent des chants neufs, propices, ouverts sur les symboles dévoilés de la pure viduité, chœur en majesté des signes guerriers étoffés, des stances mages irisées, des rives sages illuminées, par la florale ascension du règne qui ne meurt, toujours renaît dans la préciosité du don, toujours s’affine dans l’idéal qui franchi tout horizon, devise la moisson, la fenaison par les cycles des saisons effeuillant l’éternité.

Enchantement, du ciel comme de la terre, de l’eau comme du vent, d’une concaténation olympienne, ferment de la survie des temps comme des espaces, réponse honorifique que rien ne peut contrarier, que rien ne peut désintégrer car dans la conscience du Vivant, survie de la Vie en ses floralies, ses densités, ses émotions, ses intelligences magnifiées, si loin des servitudes, si loin des chaînes que l’on fait ruisseler du sang des esclaves, si loin de l’abîme des corpuscules se régalant de la dénaturation, abondant les agapes sans noms de la destruction et de ses oripeaux, calvaires infestés de vermines grouillant le vertige d’immondices, turpitude d’exaltations se prenant pour des dominations alors qu’elles ne sont que des prurits que la Vie annihile.

Toute barbarie étant consumée par le feu de sa délivrance rugissante, telle la vaste tempête nettoyant les villes de leurs scories, les campagnes du chiendent, les terres de leurs parasites, ainsi à l’aube du séjour glorieux qui ne s’infeste, à l’aube majestueuse voyant renaître l’Humain de ces cendres, toujours renouvelé non seulement pour l’espérance mais pour la désinence de la Voie en ses portiques signifiants, portiques sans outrages, portiques sans infamie, portiques de la tripartition qui transcende toute demeure, toute force, toute forge de la Vie.

Là, ici, plus loin, non dans l’abstraction mais bien dans la réalité, cette réalité éternelle délaissant les franges des temps inverses, ces grains de poussières aux  dissonances que l’Ordre en sa mesure remet à leur place précaire, cette place glauque, cette place torve, cette place de forfaitures, asséchées par la lumière en ses incarnats, cette Lumière qui jamais ne cesse de combattre, fut-elle dans l’ombre de la noirceur aux instigations ténébreuses dont les houles sont parjures de la Vie, fut-elle dans la nuit profonde où la veulerie, l’hypocrisie et le mensonge s’en donnent à cœur joie pour corrompre la beauté, la sagesse, l’humilité et la grandeur.

Car ici le lieu comme le temps n’ont pas d’importance, car ici l’Éternité veille sur l’accomplissement et se moque bien des léthargies comme des miasmes qui corrompent, ces prismes défigurés allant à leurs fins dernières devant la volition dressée, inflexible, inimitable, la volition de la Vie à surgir de ce néant cherchant à l’emprisonner dans une contraction dimensionnelle sans lendemain, une contraction qui disparaîtra comme elle est venue par une autodestruction globale de ses féaux, qu’il conviendra de laisser se dissoudre sans même lever le petit doigt pour en sauver les ridicules porteurs de néant, la Vie prenant revanche sur leur condition, la Vie forte et belle, la Vie sereine et composée, la Vie en majesté que rien ni personne ne peut détruire, car des floralies les passementeries de la génération comme de la régénération de l’Œuvre fécondant tout Univers.

Ainsi alors que le Chant semblant se taire devient une vague de fond arborant un prestigieux essor afin de destituer tout ce qui n’est plus que virtualité, tarissement, atrophie, impertinence et arrogance, ainsi alors qu’en chaque Être Vivant, l’étincelle, noyée hier par le mensonge, s’élève vers les cieux, pour circonvenir la désintégration de tout ce qui est Vie, par un accomplissement vivant, délivré de la génuflexion, de la servitude, de la culpabilisation, afin de conquérir les Univers et leurs flots de magnificence…

© Vincent Thierry