D'un Ordre Souverain

D’un Ordre Souverain

 

Sites en corps des ramures impériales, où l’onde éblouie livre pérenne le serment de Vie, sites aux écrins éveillés qui marbrent de leurs atours les cimes initiées, sites en voix dans la Voie appropriée, où le chant demeure, splendeur des souffles, splendeur des règnes qu’ivoire aux temples fidèles les nefs parcourent dans une densité cristalline, dont la vague amazone délibère les combats souverains où se rendent sans sursis de l’heure les mondes sans oubli.

Ces mondes sur lesquels baigne la clarté harmonieuse de la Vie, ces mondes où chacun inscrit le nom de la Liberté aux frontons de ses villes, de ses chants, de ses écumes et de ses Océans, ces mondes où le Vivant, dans sa maîtrise, se dresse contre le mensonge et ses sœurs reptiliennes l’ignorance et l’esclavage, la duplicité et la fourberie, l’aliénation et la désintégration, fleuves dont les sources tentent d’apprivoiser les racines pour les circonvenir, les complaire puis les détruire, sources venimeuses à l’image de la volition qui les porte.

Un dragon vert aux mille têtes coordonnant leurs assauts en toutes faces stériles, en toutes formes hybrides, en toutes désinences infertiles, là dans ces creusets de la lie que sue l’atrophie, dame raison de la destruction et de ses ordonnances qui sans cesse obvie l’imaginal pour en disparaître le souffle ardent, qui, pour sa méprise, naît et renaît, dans une puissance composite dont l’ampleur est proportion de la ruine qu’elle veut imposer.

Cette ruine de la Vie aux marches des temples de la mort qui par lieues et immondices se réclame salut, temples des marchands ignobles, temples de flagorneurs et d’hérétiques qui condamnent au préau de leur propre déchéance la Vie, à la moisissure profonde couvant un nid de reptiles que l’Empire de la Vie combat afin de le rendre à ses atrophies se voulant dominantes, alors que bancales elles sombrent la Vie dans leurs marasmes, leurs prétentions, leurs incapacités, leurs monumentales diachronies.

Ainsi, tandis qu’au large des Océans les flottes se vêtent des parures du combat, dans la croix et par la croix, l’épée souveraine pour talisman, ainsi tandis que sur les terres les armées se déplacent, rapides, puissantes, leur drapeau de Vie flottant sur chaque face reconquise, destituant le monopole de la hideur adulée par les prêtres de la mort, encagoulés dans leur reptile répugnance, dévoués à ce culte chtonien délibérant ses massacres, massacres des innocents, des enfants, dans la bestialité orgiaque de leur congratulation.

Confréries iniques qui peuplent les allées des pouvoirs morbides, dévoués à la mort et ses sentences, armées fantasques de prévaricateurs vassaux de la torpeur et de ses expédients, conditionnement de la lie par toute face vivante, oripeau de la gangrène qui vagit, s’illumine et expire dans le naufrage acclimaté qu’elle décline, se croyant invincible par le terreau de la terreur qu’elle inspire, ténèbres de la pensée qui rugit sa suffisance, non-esprit qui se façonne dans la fange et croît son vertige par le subliminal qu’elle enfante, despotisme, destruction, suffisance, arbitraires sentences corrélées par les hospices de sa dénature et de ses gardiens affabulateurs.

Dans la contrition au vide, dans l’errance, dans ces chemins de nuit où moissonnent les hyènes et les chacals, ces dorures de la charogne dont la puanteur engloutie toute force pour accentuer une décomposition sordide, qui se montre, qui se dévisage, dans une hypocrisie sans failles qui se rengorge de noblesse alors qu’elle n’est que partage d’insolence, ici, là, méticuleuse du bourbier qui se cristallise et contre lequel déjà s’affairent les forces Vivantes.

Anti corps de leurs diarrhéiques suffisances, de leurs impavides nausées compissées dont l’œil hagard de leurs commissaires politiques parade la glu, le sourire en coin, la morgue pour principe, assauts des formalités déjà exsangues de leurs ramures qui lentement s’effondrent, les unes les autres, pour enfin laisser place à la réalité, loin de leurs virtualités indéfinies qui voguent vers l’atonie, instance broyée par les armes en répons, ces armes de l’Esprit qui ne s’en laissent pas conter et poussent dans leurs extrémités leurs fléaux sabliers.

Fléaux de lois ignobles, de traités corrompus, de bassesses acclimatées, toutes vagues disparaissant sur l’heure devant la rectitude morale, la capacité intransigeante, l’Ordre souverain qui ne doit rien aux mascarades, aux reptations, aux forfaitures, à ces brisants de pouvoirs dissolus qui coordonnent la lâcheté et ses miasmes, Ordre en marche dans ce lendemain qui chante le glas de la turpitude et ses abîmes, dissipant les nuées pour resplendir la multiplicité solaire des racines vivantes, qui dénouées des gangues abyssales des purulences votives, lentement se réveillent à l’incarnat de leur majesté.

À la beauté de l’onde et non plus la promesse de l’ombre, alors que les chaînes tombent naturellement de leur corps violé par la pourriture, que leur esprit noyé dans les abîmes s’élève vers la cime, que leur âme emprisonnée hier d’un vol gracieux s’élève vers l’éternité, que leur unité hier falsifiée par les reptiles incantations, ce jour dans l’harmonie se révèle, puissance, construction, sagesse, ambre en perfection qui dans l’azur rejoint la désinence sans oubli de la Vie, sous le regard des Veilleurs, Guerriers mage de la Vie, qui rendent hommage à la renaissance des écrins qui se sont hissés des abysses de la torpeur, de l’aveuglement, de la bêtise légiférés.

Pour dans la nuptialité solaire œuvrer à la régénérescence du vivant, et le porter à sa capacité de transcendance vitale et harmonieuse, haute vague parmi les vagues en genèse, haute et vaste vague labourant le Chant pour y germer la beauté nuptiale de l’éternité, insigne de ces mondes qui toujours présents façonnent l’orientation des règnes, les glorifient, les fustigent où les détruisent en regard de leur détermination à la Vie, pour la Vie et par la Vie.

Ainsi alors que les étendards de ses hymnes navigants flottent par les mondes éveillés et qu’il reste tant et tant à libérer par ces constructions fabuleuses de la création, ces milliards de milliards de planètes, écumes elles-mêmes de milliards et de milliards de galaxies, elles-mêmes paroles d’un univers qui n’est qu’un univers parmi l’infini des univers qui se croisent, s’entrecroisent, ainsi alors que l’aube s’élève sur l’astre souverain dans une galaxie où, en ses ersatz se situe un système solaire, où navigue une petite planète qui se nomme la Terre, en balbutiement du réel…

© Vincent Thierry