Amazone septentrionale

Amazone septentrionale

 

Amazone septentrionale des aubes éclairées, d’ivoire en chemin aux passementeries de jade, l’histoire nous en est mesure, contemplation du songe, demeure exquise des limbes floraux où s’en viennent, préaux de cimes diluviennes, les âges de ce temps, esquisses, aux mânes dionysiaques qui parlent en semis téméraires, aux visages de la brume féconde, contemplative.

Aux gréements des sagesses arborées, dans la pluviosité granitée des temples, aux antiques monuments solaires divinisés, dans ces éclats du bronze et de l’acier, alors que les cohortes nimbées de blondeurs cristallines s’élancent vers ce monde inconnu, un monde de schistes et de roches éblouies, un monde d’azur et d’opales, un monde souterrain de quartz lumineux, un monde d’éther et de féerie.

Clameur de mille temples et de mille ouvrages, clameur adulée reprise en chœur par la batterie des glaives frappant les lourds tambours de bronze, opiacée mélodieuse irisant de ses échos les cieux ensoleillés où volent, d’un vœu azuréen, les Aigles impériaux, glorieux de l’assomption du chant voyant la rencontre fastueuse de peuples jusqu’alors méconnus.

Ces peuples de l’ivoire, ces peuples d’obsidienne, ces peuples magnifiques qui, après les craintes de l’aube, se dévoilent au-delà de la guerre outrancière, dans une fraternité nouvelle à voir, inspirant le respect mutuel, dans la théurgie du feu, de l’eau, de la terre, du vent, dont les fruits cardinaux se conjuguent afin d’offrir dans la nue la splendeur d’un chant.

Chant civilisateur par essence voyant du cygne la constellation des jours s’éveiller à la pure Déité, celle du Levant, embrasant de ses rayons les festives moiteurs de l’énamoure victorieux, conjonction vitale de l’harmonie en ses ruisseaux diamantaires, là, ici, plus loin, déjà, aux sentes effeuillées, orée de la pulsation de la Vie par toute oriflamme, instance mage où participent les sages en plénitude, revisitant la voie des souffles en roseraies, d’une florale jouvence, densité de leur autorité souveraine, comblant les lacunes de l’histoire révélée, haute vague chevauchant le dragon impétueux de la Vie, magnifiant d’adresse et de beauté l’avenir qui s’ornemente et, dans la simplicité gestuelle de la consomption, s’enhardit.

Ainsi dans l’azur la mélopée alors que le granit nous parle et que les cieux nous dévoilent la prière de l’instant sacral, alors que l’âme au-dessus des eaux, par les Souffles de la terre, perçoit l’immensité de l’avenir et de ses fêtes, au-delà de la bestialité des civilisations atrophiées qui dans une distorsion sans fin cherchent à égarer la Vie dans leur tourmente délétère, âge des abysses qui disparaîtront dans l’abîme, car sans avenir sinon celui de la mort qui parade leur certitude…

© Vincent Thierry