Chapitre II

 

 

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II

Quand elle descendit de voiture une odeur de foin séché la surprit tout d’abord et Roméo lui faisant la fête, lui sauta sur ses épaules en pleurant. Etienne lui avait proposé de s’occuper de lui, ce quelle avait accepté. Ce soir là elle fouilla dans les papiers de Monette. Tant de choses étaient accumulées, quelle ne sut par quoi commencer. Il y avait de vieilles factures, de vieux cahiers où tout était marqué en clair : Recettes, dépenses, et plus loin, fermage. Fermage de Ciétéso ( La Grande Hothe) et voilà la preuve ! Rose pensa :

- Quelle cachottière cette Monette ! Cependant, Rose n’était pas curieuse et ne posait pas de questions à sa Grand-mère. Il est vrai que les gens du village regardaient Rose d’un drôle d’œil parfois, mais elle n’y faisait pas attention ! Cette bourgade de cinq cent habitants, entre Gironde et Landes, était un peu oubliée, par sa situation géographique. Pourtant les coteaux, les forêts, et la pleine faisaient de cet endroit un paysage plaisant et enviable. L’après midi Rose résolut de monter au grenier. Parmi les objets posés là, se trouvaient des vieux sacs papiers, des poupées, des chaises d’enfants, de vieux vélos, et une grande malle. Rose ouvrit celle-ci, des objets personnels se trouvaient là, oubliés. Elle s’approcha de la lumière du jour, avec un paquet de lettres poussiéreuses à la main, s’assit et commença à défaire les rubans qui les entouraient.

Une poussière se souleva, tandis que Rose s’apprêtait à lire.

Il y avait quelques jours, elle s’était informée. Elle s’était renseignée à Paris auprès de la bibliothèque, s’ils n’avaient pas d’ouvrages traitant sur : ‘après la mort’. La bibliothécaire lui énuméra la liste des E.M.I. la libération de la conscience hors du corps quand l’on voit la mort de près. En 75, avait paru ‘La vie après la vie ‘du docteur Moody. En 80, ‘Sur la frontière de la vie’ de kennet Ring. En 93, ‘Dying to live’ de Suzan Blackmore. Et en 96, ‘La vie après la mort’ du Dr Scoott Rago.

- (Ce sont des expériences de la mort, lui avait expliqué la dame, je vous conseillerai dans un premier temps de lire ‘La vie après la vie’. Elle le prit espérant avoir des réponses sur les fantômes. Elle le lirait ce soir. Un autre petit fascicule aussi qu’elle avait acheté en librairie l’interrogea sur l’âme et la vie après la mort ; cela parlait d’un fait troublant :

Un jeune homme de bonne famille était réveillé la nuit par une voix qui lui disait : (- Va jouer !) celui ci devait avoir dix huit ans et il apprenait à jouer du piano. Il en était encore aux balbutiements, et il n’arrivait pas encore bien à accorder ses deux mains. Il se levait alors et se mettait au piano ! Ses mains comme par magie effleuraient les notes et une musique mélodieuse envahissait sa salle à manger ! Il ne contrôlait plus ses mains, c’était comme si une autre personne s’était introduit dans son corps et jouait ! Il n’osa divulguer la chose à personne tant cela paraissait extraordinaire ! Mais ce qu’il fit, il enregistra la musique car il savait à quelle heure la chose se produisait ! Il fit écouter l’enregistrement à son professeur et celui-ci après quelques recherches, déclara que ce grand pianiste avait vécu au siècle dernier, mais n’avait pas été reconnu en son temps !

La chose durait au moins une heure et ensuite ce jeune homme réintégrait son lit. Cela dura au moins pendant six mois, mais pas toutes les nuits. Se pouvait-il que les âmes se baladent ainsi ?

La chaleur du grenier sous les combles restait étouffante. Malgré la sueur qui lui coulait sur la peau Rose défit les lettres et commença à lire.

Ma chère Léonce,

Je compte les jours qui me rapprochent de toi. Merci pour ton sacrifice, et pour ta patiente envers ma femme, embrasse bien Mariette. Si joint quelques pécules pour l’élever. Ton bien aimé Hippolyte.

 

Rose crut défaillir, mais, Léonce ! C’était son arrière-grand-mère ! Et qui s’appelait Hippolyte ? Qu’avait-t-il à faire avec sa grand-mère ? Plusieurs lettres du même genre suivaient. Elle en prit quelques-unes unes et descendit. Son cœur battait la chamade. Quel était cet imbroglio envers ses ancêtres ? Et pourquoi sa grand-mère avait-elle hérité du domaine ?

Heureusement qu’une de ses collègues venait bientôt la rejoindre, sinon elle deviendrait folle. Au coucher elle prit le livre qu’elle avait acheté à Paris et se mit à le lire. Celui ci parlait de témoignages recueillis par un docteur américain sur des patients ayant eu un arrêt cardiaque. Ils se sentaient tous aspirés par un tunnel, du moins leur âme ou leur subconscient. Des couleurs multicolores et une musique douce y régnaient. Puis ils se retrouvaient près d’une grande lumière où ils se sentaient si bien qu’ils ne voulaient pas repartir. Si cela durait plus longtemps la lumière leur parlait et ils revoyaient leur vie passer très vite; dans leurs instants où ils avaient fait du bien ceux-ci se sentaient bien et dans les moments où ils avaient fauté, ils ressentaient une grande souffrance. Si cela continuait, ils revoyaient des membres de leur famille disparus, ceux-ci leur parlaient :

- Viens ! Viens ! Alors la grande lumière leur demandait s’ils n’avaient pas d’autres choses à faire sur la terre. Si ceux-ci avaient des enfants en bas âge à élever, ils disaient :

- je resterais bien mais j’ai encore des enfants petits. Puis, tout à coup, ils se revoyaient dans leurs corps, entourés des docteurs leur faisant des soins de massage cardiaque.

Rose prenait plaisir à la lecture de ce livre. Monette devait se trouver là bas elle qui était si gentille. Elle devait profiter de la présence de ses parents, grands-parents et arrières grands-parents, si ceux ci avaient dû mériter le ciel car la grande lumière ne devait représenter que Dieu ! Ce livre la réconcilia un peu avec elle-même, puis elle s’endormit aussitôt. Cette nuit là fut emplie de songes, quelqu’un la poursuivait, elle courait dans une grande demeure et tombait dans l’escalier, elle se réveilla en sueurs.

Le lendemain un klaxon l’éveilla, c’était sa collègue Sabine, Une joie immense la submergea, enfin des vivants ! Depuis quelques jours elle se débattait avec les morts. Aussitôt descendue de voiture, Sabine gronda :

- Mais Rose qu’as-tu ? - As tu vu, ta tête ?

- Oh ! J’ai mal dormi ;

- Je suis là, dis moi ce qui ne va pas ! En déjeunant, elle lui raconta toute l’histoire.

- Mais les fantômes n’existent pas !

Sabine, fille moderne toujours au top de la mode, jupes courtes et cheveux bruns, coupés au carré représentait la joie de vivre et le bon entrain !

- Tu sais, je suis contente que le boss m’ait laissée partir.

- Alors ma vieille ! Nous allons y aller là haut et même au grenier je te parie qu’une ribambelle de rats énormes occupe cet endroit, continua Sabine.

L’après midi Sabine bronzait sur la pelouse. Sa peau était déjà noire, et, comme un lézard, elle aimait se mettre au soleil. Tandis que Rose avait le teint plus délicat et sa peau fragile l’empêchait de s’exposer. Elle prenait vite un coup de soleil.

- Allez viens ! Répliquait Sabine j’ai une crème solaire spéciale pour toi la Nordique !

- Pourquoi dis-tu cela ?

- Ta peau est si fine que l’on croirait que tu sors d’un conte de fée !

- C’est peut-être vrai, répondit Rose ! Et elle se mit à pleurer.

- Je te promets de rester jusqu'à ce que ce mystère soit résolut, lui dit Sabine en la prenant dans ses bras.

 – Ne pleure pas. Soudain un tracteur passa tirant une charrette de foin énorme !

- Etienne ! C’est Etienne ! Dit Rose en essuyant ses larmes.

- Tu ne vas pas tout de même t’enticher d’un paysan !

- Mais non ! C’est un ami !

Etienne arrêta le tracteur et vint saluer ces demoiselles.

- Bonjour ! Ça va ?

- Veux-tu boire quelque chose ? Demanda Rose ?

- Non ; Merci, je dois décharger la remorque, je reviendrai en soirée.

Le culot de Sabine fit qu’ils se retrouvèrent tous les trois dans la maison hantée le lendemain soir. Munis d’une torche et d’un gourdin, ils avançaient à petits pas dans la maison. Roméo se cachait derrière leurs jambes, il n’en menait pas large. Il ressentait la peur de ses maîtres. Il se mit à aboyer tout à coup comme si un cambrioleur se trouvait là. Le grand escalier prenait, à la lueur de la lune, un décor de théâtre d’une tragédie antique. Ils montèrent les marches doucement, Etienne devant et les filles derrière. Quand, tout à coup, un tintamarre assourdissant se fit entendre. Ils s’immobilisèrent,

-  Ce ne sont pas des rats ! Ce sont des Singes ! Dit Sabine doucement.

- Allez ! Il faut continuer ! Décida Etienne.

La lune ronde par le toit donnait une lumière tamisée presque irréelle ! Ils avancèrent dans le couloir, plus rien.

- Alors je vous l’avais bien dit que ce n’était que des rats !

- Le plancher faisait un petit craquement. Sabine ne pouvait pas tenir sa langue, aussi Etienne lui suggéra de se taire sinon rien ne se passerait ! Ils s’assirent à même le plancher et éteignirent leur torche. Au bout d’un moment qui leur semblait une éternité, une forme lumineuse blanche apparut au fond du couloir jetant de lugubres gémissements. Sabine se mit à trembler tandis que Rose claquait des dents.

- Qui êtes vous ? Lança courageusement Etienne.

La forme se rapprocha doucement et il semblait quelle voulait leur parler mais Sabine qui était habillée légèrement se mit à éternuer : « Atchoum ! »

Aussitôt le spectre s’évapora. Alors des bruits effrayants de chaînes, et de grincements se firent entendre, comme si il y avait là une grande souffrance d’outre tombe. Tout à coup, Sabine tomba à terre, évanouie, et Rose et Etienne durent la descendre par l’escalier.

- Là il y a un salon, dit Rose à Etienne. Ils la déposèrent sur le canapé, et Rose lui tapotait gentiment les joues, tandis qu’Etienne allait chercher un peu d’eau. Elle ouvrit les yeux et ses cheveux se redressèrent sur la tête, elle cria :

- Je veux m’en aller ! Ils ne le lui firent pas répéter deux fois et s’enfuirent en courant. Dans la voiture, ils reprirent leur souffle.

Rose constata que Sabine se trouvait sur les genoux d’Etienne. De retour chez elle, sans entrain, Rose leur prépara une infusion au miel et Sabine ne faisait que dire :

- Quelle aventure ! Les fantômes existent ! Je m’imaginais que ce n’était que des contes populaires. Etienne avoua qu’il en avait entendu raconter quelques-uns par sa grand-mère.

- Raconte, suggéra Rose.

- Ho non ! Riposta Sabine, elle en avait assez vu pour ce soir.

- Si on mettait un peu de musique ! Continua Sabine ! Etienne prétexta qu’il avait du travail le lendemain, et se retira. Sabine le raccompagna à la voiture et il sembla à Rose, qu’elle mettait beaucoup de temps pour renter…..

Minuit était passé depuis longtemps, Rose et Sabine bavardèrent dans leur lit jusqu’à une heure assez avancée de la nuit.

Le lendemain Rose reçut la visite de son fermier : monsieur Ciétéso était grand et fort. Il lui serra la main si fort qu’elle lança un petit ‘Ail’ il lui dit :

- Alors c’est vous la nouvelle propriétaire ?

Elle l’invita à rentrer, il lui tendit un chèque d’une somme assez rondelette.

- Avez vous déjà vu le fantôme de la Grande Hothe ? Monsieur Ciétéso ?

- Non jamais, vous savez j’ai assez à faire, et je ne crois pas à ces balivernes ! Je n’avais loué que les terres à votre grand-mère, et je n’ai jamais mis les pieds dans la maison. J’ai assez à faire avec la mienne.

Rose était préoccupée par cette histoire ; après tout la maison était à elle maintenant et il faudrait bien qu’elle envisage quelque chose à son sujet.

Elle fut étonnée aussi par la somme rondelette que Monette lui avait laissée. Elle qui s’imaginait que Monette était pauvre, c’était le contraire, elle était même riche. Mais d’où venait cet argent ? Elle allait d’étonnement en étonnement, que cachait tout cela ?

Sabine décréta quelle en avait assez vu et rentra à Paris, Rose demeura triste et désemparée au départ de son amie.

Ce soir là elle ouvrit l’album de photos de famille. Elle se revit enfant, jouant à la poupée, ou, avec son chat sur les genoux. Elle était quand même bien habillée pour une pauvre, sa grand- mère lui disait toujours, il faut faire attention à l’argent. Ha ! Voilà Monette avec ses parents quelle n’avait jamais connus : Léonce et Grégoire Vilare. Il paraîtrait que Grégoire serait mort jeune à la guerre. Léonce éleva Monette ou (Mariette de son vrai nom) toute seule. Comme ils étaient mal habillés ! Ah voici Monette avec son mari Boris ! Boris Evrard, Rose l’avait si peu connu, il avait été emporté par la tuberculose, mais ce dont elle se rappelait le plus, c’est qu’il avait des moustaches qui la chatouillaient quand il l’embrassait. Et puis aussi qu’il était brun et avait une épaisse touffe de cheveux. Son nez était proéminent. Rose ressemblait davantage à sa grand-mère. Elle avait comme elle, un petit nez retroussé, des yeux bleus, d’un bleu profond, et des cheveux d’une blondeur vénitienne. Son visage ovale et son front haut avec un port de tête d’une reine, Rose sortait tout droit d’un conte de fées. Sabine avait raison.

Ses parents qu’elle avait oubliés dans son souvenir, paraissaient si heureux sur cette photo. Marc, son père tenait Colette, sa mère, enlacée. Marc n’avait que le nez et les cheveux de Monette, et il était trapu. Colette avait les cheveux longs et était très mince, elle avait du mettre des chaussures plates pour ne pas paraître très grande près de son mari. Quelle tragédie ! Elle n’avait plus de famille ! Si ses parents avaient vécu, elle aurait peut être un frère ou une sœur. C’est au retour d’une visite rendue à Monette qu’ils avaient eu cet horrible accident où ils avaient trouvé la mort. Heureusement, Rose était en vacances à Barbot, la maison de Monette. Cette petite maison à l’orée du bois, était mignonne et Rose s’y trouvait bien. Il lui semblait que Monette était encore là et rien que le fait de toucher ses objets lui donnait un peu de paix.

Dans l’après midi, elle s’en alla au cimetière porter quelques fleurs sur sa tombe. Elle avait fait un assemblage à l’aide de roses, arums et chèvrefeuille qui embaumaient.  Devant la tombe, elle fit le signe de la croix, et arrangea le bouquet dans un vase. Elle se recueillait, quand, soudain, une voix qu’elle ne connaissait pas, l’apostropha, elle se retourna et vit une dame inconnue :

- Mademoiselle, connaissiez vous bien Mariette ?

Elle parlait avec un drôle d’accent, américain sans doute.

- Oui madame, c’était ma grand-mère.

Cette dame bien habillée ne devait pas habiter au village, mais que lui voulait-elle ?

- Je me présente ; je suis la cousine de Monette.

- Quoi ? Sa cousine, mais je ne vous connais pas et Monette ne m’a jamais dit qu’elle avait une cousine !

- Comme vous ressemblez à Ella.

- Qui est Ella ? Madame je ne vous connais pas, et je dois m’en aller !

- Voici ma carte si vous voulez en savoir plus je suis à l’hôtel du village. La Dame lui tendit une carte où était écrit : ‘Audrey Smith, Plainsboro New Jersey USA.’

Rose demeura tout éberluée et elle ne croyait pas cette dame. Jamais, au grand jamais, Monette lui avait dit qu’elle avait une cousine. Au retour, elle s’arrêta chez Etienne. Sa mère lui dit qu’il avait commencé à moissonner l’orge. Elle s’arrêta près du champ, et Etienne arrêtant sa machine, lui fit signe de monter. Les pailles nouvellement fauchées, lui griffaient les jambes mais elle continua. Dans le bruit de la machine elle devait parler fort, car il l’avait remise en route et la poussière fit tousser Rose.

- Tu ne sais pas la nouvelle ?

- Non ! Raconte.

- Monette avait une cousine et en plus elle est américaine !

- J’en doute, on le saurait dans la région. De tout temps à jamais, il était de notoriété que Monette était seule au monde avec toi comme seule famille !

- Mais alors qui est cette intruse ?

- C’est simple tu vas à la mairie, et renseignes toi. Etienne reprit un peu surpris:

- Excuse-moi, mais dès que j’ai fini les moissons, je t’aiderai dans tes recherches.

Elle se rendit à la mairie mais dans les archives rien d’anormal, Rose s’appelait bien comme son père (Marc Evrard) marié avec Colette Cerfois. Son grand-père (Boris Evrard) marié avec Monette Vilare fille unique de Léonce et Grégoire Vilare. Pas de Smith ou je ne sais quoi !

Monette lui avait raconté que sa mère Léonce avait travaillé au domaine, mais il n’y avait aucun lien de parenté. A cette époque les riches faisaient travailler les pauvres, et d’après Monette, Léonce, sa mère était très pauvre. Au fait pourquoi Monette avait-elle hérité du Domaine de La Grande Hothe ? Sans doute la ‘bourgeoise’ n’ayant pas d’héritiers préféra-t-elle le donner à celle qui l’avait soignée, c’est à dire Léonce.

Rassurée Rose dormit tranquille ce soir là. Elle devait le lendemain reprendre son travail pour quelques jours seulement car les congés seraient bientôt là. Elle n’avait plus de goût au travail de secrétaire; Le bureau était surchauffé et le patron toujours grognon. Seule Sabine lui fit fête dès son retour.

- Alors raconte ! - Rien de nouveau ?

- Sauf que j’ai des parents éloignés en Amérique !

- Quoi ?

Elle lui raconta toute l’histoire,

- Mais pourquoi n’es-tu pas allée voir cette dame ?

- Son nom ne correspond pas du tout avec celui de mes ancêtres, je suis allée à la mairie.

- Mais cela ne veut rien dire, il y a parfois dans les familles des choses cachées !

- Que veux-tu dire ?

- Rien, rien, Peut-être vient-elle te réclamer l’héritage !

- Ah ! Non ! Le Notaire a bien spécifié que j’étais la seule héritière, drôle d’héritage ! D’ailleurs ! Personne ne veut habiter à La Grande Hothe !

- J’aurai bien voulu hériter ! A ta place je ferai faire des travaux ainsi le fantôme s’en irait. !

En cette fin juin, la chaleur devenait étouffante à Paris.

Enfin les congés furent vite là et Sabine voulut bien revenir à Barbot avec Rose.

Une pluie torrentielle les accueillit, avec les premiers orages de juillet. Les éclairs s’en allaient au loin, en laissant déborder les fossés du bord de la route. Un arc-en-ciel multicolore, suivit, serait-ce de bon augure ? Roméo s’élança vers sa maîtresse l’aspergeant et pleurant à la fois.

- Je suis là, je suis là ! Rose le caressait malgré ses pattes pleines de boue. Enfin chez nous ! Chaque fois que Rose arrivait, elle trouvait cette maison immense comparée à son studio de Paris.

- Tu as du courrier ! Entama Sabine, en effet la boite à lettre débordait. Elle débordait surtout de prospectus. La soirée s’annonça agréable avec une fraîcheur bien appréciée. Elles pique-niquèrent devant la porte sur la petite table que Monette aimait tant. Le tilleul embaumait et Sabine déclara

- Vraiment, c’est le paradis ! Ecoute ce silence ! A part le bourdonnement des abeilles dans l’arbre c’était un silence à couper le souffle.

- Mais, où sont les gens ? C’est vrai que cette maison est un peu isolée. Derrière il y a le bois et devant des champs de blé et des prairies.

- Demain, je vais à la cueillette des girolles. Une bonne omelette de campagne et une salade du jardin.

- Quel jardin ? Rose constata que le jardin de Monette n’était que friche !

Elle regretterait sûrement ses bons légumes. Quant aux poules, Etienne venait recueillir les œufs et soigner la dizaine de poules de la basse cour !

Sabine aida Rose à emmener le linge de Monette au Secours Catholique.

Tandis que Sabine s’apprêtait à partir, Rose, tenait dans ses mains quelques tabliers de Monette… Elle ne pouvait se résoudre à s’en défaire, tant le cœur lui serrait.

- Gardes les, lui dit Sabine, qui était revenue sur ses pas, ne la voyant pas arriver.

Elle garda quelques bricoles, son châle, ses bottes, quelques pulls et tabliers.

Heureuse sera-t-elle, quand elle les mettra, Monette sera un peu avec elle.

 

 


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