La Vie à profusion

La Vie à profusion

 

Félicité du chant, jouvence des hymnes, en allégories s'en viennent les frontispices de l'azur, et leurs flammes légères brûlent les serments antiques, les couronnements factices, ces horizons de l'oubli de la Vie, la Vie puissante et native, la Vie à profusion ourlant ses vastes nefs de cargaisons divines pour les déverser en rimes sur des îles secrètes, des paysages arborescent la magnificence, ici, là, sans masques tragiques, sans rites opiacés, car élevant ses vols dans la pureté infinie de son ascension comme de son devenir, contenu et contenant dans le choix du contenant délibérant ses eaux vives aux parfums de talismaniques essors, invitant l'onde aux festives mesures, aux architectonies majestueuses, ancrées dans le lacis et les entrelacs de féeries amoureuses, aux essaims sans brume.

Gloires votives, dans l'excellence du Verbe sans rareté, surgissant l'éventail du sort de la multiplicité, au seuil d’opales inscrites par les flots générés, entées de leur destin dans le dessein du seul avenir, celui de la régénérescence, après les parcours olympiens, les douves exotiques, les mânes sans repos, ces symphonies graduées se déclinant pour ordonner la cacophonie à une maïeutique révélée, allant vers le développement, l'apothéose du germe sortant du sol et s'élançant vers les cieux, dont les ramures œuvrent déjà l'éternité, dans cette rémanence fructifiée, cette ordonnance impassible alimentant toute destinée, dont la volition épouse le sein circonscrit des mondes, ces mondes éployés, se rencontrant, s'alliant, se déposant, chutant, mais toujours revenant à l'équilibre pour embraser le sort.

Loin des temps, loin des espaces, sur cette nef dont les oriflammes s’affirment, se consolent, vont aux extrêmes densités afin de s'y confronter, de s'enhardir, et dans une victoire exfoliée advenir le sens de toute aventure initiée, dont l’aura parle chacun des Êtres de la Vie, dans leurs mélopées, leur matérialisation, mais aussi leur spiritualisation ne s'effaçant, ne se tronquant, ne se déniant, mais toujours dans l'orbe se manifestant afin de déduire la prononciation de l'élévation, dont la marche amazone assigne les ferments, par de hautes volutes sacrales ne s'éperdant mais se conjoignant afin d'unir à l'azur la beauté, la densité, la force, la juste mesure, permettant l'affine perception, la plurale détermination.

Dessein de la victoire, voyant du corps l'arc, de l'esprit la flèche, de l'âme la cible, dans l'unité symbiotique circonscrits, unité rassemblant et ne disloquant, multipliant la splendeur et non n'additionnant la laideur, œuvre en l'œuvre ne se désenchantant, ne se marginalisant, ne s'effeuillant, mais bien au contraire vivifiant l'étonnant voyage de toute régénération, dont l’intime sillon du chant plane au-dessus des eaux, abreuve par le jeu des correspondances les dimensions jointes, composées et déterminées, dans un règne sans reniement, celui de l'Éternité, celui du couronnement, celui de l'ineffable, en marches sans repos, dans la quiétude des temps, dans la flamboyance des œuvres, là, dans ce lieu sans lieu, là dans cet espace se pliant et se repliant comme un éventail généré, lorsque le puisatier enchantement est répons des cils de l'univers dont l’allégorie cristalline parfait la vague souveraine, enivrant de paysages en paysages les faces démultipliées de la diamantaire alcôve.

Dont le ciel, témoin, partage les étoiles innombrables dans leur théurgie inhérente, aube du chant, aube délibérant les fastes de vestales armoriées dans les temples de granit bleu aux splendeurs d’écumes, tant de larmes abyssales en leurs écrins moirés de songes et de rêves éperdus, tant et tant de contes en leur alizé que nos histoires ne peuvent contenir, et pourtant ramures, hauts faits de victoire, dont les ornementations fractales devisent, iridescents la plénitude des verbes qui furent cimes des pentes de toute vie, furent-elles les plus humbles comme les plus éveillées, devisant les règnes d'alors, par les tempêtes et les bourrasques levant leurs glaives d'or, alors que leurs lourds tambours de bronze sonnaient des rassemblements épiques, fondant les avenirs, ceux dont les bruissements de l'Histoire enchantent le vaste préau de lumière aux ondes de beauté, aspirant à la légitimité des mondes, déterminant des croyances les entrelacements de toutes ramifications vivantes.

Leur écume, essaim de claire parure, vive arborescence sous la brume des atrophies rôdant dans des lamentations enrichies du venin de la matière, leur apothéose, hurlant et frémissant, vagabonde de pestilence, naviguant en eau trouble pour cacher leur laideur, cette source de fiel  à jamais dérisoire attitude face au levant ne craignant ses opprobres, tout de compassion, humiliant cette horreur dressée déjà disparaissant dans le gouffre incommensurable des équinoxes larvaires devant la lumière, la pure beauté ne se vendant aux prostitués des ténèbres, ainsi, alors que les vents se lèvent, porteurs de moissons de houles et de perles rares, de pluies d'Éden et d'éclaircies joyeuses où s'enfantent les rêves, souffles gigantesques abreuvant des empires, lyres de l'horizon de gravures nouvelles essaimant les cohortes vivantes pour affermir les règnes et en destituer les lèpres affairées dans un bruissement de fange, ouvrant ainsi à la Vie, sa portée, son envergure, et son azur, par-delà les mélopées anachroniques des pleureuses sabbatiques…

© Vincent Thierry