D’hivernale grandeur

D’hivernale grandeur

 

D’hivernale grandeur les neiges s’en viennent consteller les terres ancestrales, ramures scintillantes d’étoiles blondes et mûres, armures flamboyantes des ivoires armoriés aux splendeurs solsticiales, en aval des champs parfumés de blés et d’orge, de seigle et de colza, sillons ouverts à la pérennité vivante, dont la brume dense conte le secret éveil, alluvion des âmes, des esprits et des corps qui nous sont demeures, dans le parfum suave des feux pétillants, ici, là, aux orées millénaires afin de réchauffer les cœurs puisatiers, dont la danse crépite des bois morts aux fumerolles contant des règnes d’épervières abondances, semis de labour germé, dont la présence diurne et nocturne s’éploie et se déploie pour nourrir un cycle effeuillé dont parle l’aube arborée.

Tandis qu’en frises souveraines s’ébrouent sous le vent d’ouest les sapins altiers, éperdant leurs sèves aux écrins dans de fières arborescences allant et venant des parchemins de rêves aux émaux des cils ouvragés des faunes à midi, sous l’opale d’un ciel de feu où le firmament enseigne, bruissant des éclairs, l’onde magistère que le sage chevauche, imperturbable au froid, à la chaleur, car élément harmonique de l’architectonie transcendant chaque état vivant, chaque étape de ses azurs, de ses plaines, de ses abîmes mais aussi de ses cimes, de ses grâces majestueuses fondant la temporalité et en dépassant les virtualités afin d’en gréer les formalités.

Hautes vagues marchant de rives en rives, aux fanions tressés de joie et de lumière, pour enfanter l’éternité, ses rêves, ses pétales et sépales initiant les mondes à une vive détermination, un chant d’azur coordonné bruissant de houle, un chant d’allégresse unifiant les règnes, un chant d’harmonie apaisant les flux, un chant souverain ordonnant toute symbiose, dans ces notes de couleurs vibrant à l’unisson, ces notes mélodieuses qui parfond les mondes d’une symphonie lumineuse et diaphane, embrasant les cils d’une eau pure et magnifiée, témoignant de toute viduité dans la raison de la permanence, dans la vision de l’impermanence, dans cette caractéristique fondant les Univers ne se substituant à l’aventure car l’aventure enfantée, une aventure magnifiée dont l’épopée fulgure et la bravoure et la grâce, et l’onde et ses flux, dans une joie culminant les déités assoiffés, les règnes éparpillés, les transes profanes et les illuminations profondes.

Toutes voies d’un secret dessein où la volition s’épanche par chaque lieu, par chaque essor, dans la pluviosité des sorts, des enfantements, des balbutiements, des contraintes, des rêves comme des songes subliminaux, pour chercher les promesses de l’horizon, ces nectars du soleil inondant l’immensité, révélant la plénitude de toute vie, là, ici et beaucoup plus loin dans les suaves galaxies dont les saphirs enchantent les lendemains à naître, où l’oiseau, lentement, d’un vol incarné précipite son vol dans une luminosité dont l’essence affirme l’autorité souveraine de la Vie, en ce lieu, en ce temps, parmi les lieux, parmi les temps, renouvelés, majestueux et clairs dans la randonnée des cils éveillés.

Dans ce regard princier imprégné de toute viduité annonçant la fertilité, le renouveau des chants comme des hymnes, le renouveau victorieux dont l’écrin surgit l’émotion des mondes afin d’en transcender la vitale perfection, insigne de l’avenir en gestation bruissant son incarnat, déjà aux frimas se glissant de branches en branches vers les exhalaisons des sols aux fumerolles légères s’évaporant vers le ciel du devenir, pour préparer l’ardeur du Printemps, la joie de l’Été, les caresses de l’automne, et encore, souverain, ce signe hivernal préparant de plus vastes demeures, de plus belles féeries, des isthmes portuaires le frisson des vagues se hâtant vers les promesses de l’harmonie, hymne en corps du cœur palpitant l’Éternité…

© Vincent Thierry