Du Vivant

Du Vivant

 

Éloquence du vivant aux marches azurées, divination de vastes songes aux florales jouvences, de l’été précoce les règnes adventices, cœur palpitant des vagues amazones, des antiennes qui ramifient leurs danses secrètes aux ramures des parfums féeriques, nous allons ces précieux couronnements, faunes à midi des rites éployés, la splendeur d’un serment, félicité des joies souveraines, aux nuptiales destinées, conquises, charmées, déjà des rives de ce temps, inscrites dans la pérenne demeure de nos voix qui s’alimentent, ivres de vives dimensions, avançant vers ce nectar des roseraies une offrande aux clameurs adulées.

Rives des rives effeuillées de nos espoirs et de nos souffles, si contées dans le bruissement des vagues, des houles fières et des aubes talismaniques nous retrouvant ardeur et plénitude, sourire, majesté du sourire qui transcende toute face du vivant en la parure de l’ambroisie et de son sacre, libre évanescence dont le lys horizon ne se perd mais toujours se déploie pour enfanter l’avenir de nos cœurs, la pulsation vitale de notre éternité, enchantement, là, ici, toujours renouvelé, dans la profusion de nos amours qui ne se lassent, et qui, de règnes en règnes, voguent vers l’Île majestueuse de nos émois et de nos fêtes.

Île de l’Amour au simple nom de devenir, hymne en gravure de nos fertilités adventices, en commune mesure des feux de granit qui vont à la perception rendre le chant victorieux, étonnant message aux clameurs adulées, de celui qui confond l’ignorance en ses bestiales errances, portée des nefs qui se brisent sur les fastes du langage, alors qu’à la proue des navires se dressent les instants de lucidité des mondes en destruction, ces instants fragiles qui marquent de leurs sceaux les équinoxiales demeures, les solsticiaux éblouissements, où l’âme, sans refuge, d’une splendeur azurée, survole des troupeaux, là, ici, plus loin, dans les sphères de l’oubli, du reniement, de l’insalubre déliquescence où se jettent à corps perdu des milliards d’êtres sans lendemain, vivipares de leur propre déchéance.

S’adonnant au mirage de la désintégration, dans une folie commune qui engendre toute décrépitude, folie qui de ruisseaux s’épanche en fleuves charriant la mort et ses immondices, gruaux desquels se satisfont les cannibales qui œuvrent ces sillons, alors qu’en la limite se tient le gouffre exponentiel de l’aperception, miroir du songe de ce monde trompé, bafoué, animal, en prosternation et en reptation de ses déjections, dépravation où l’on voit se fonder un pouvoir sur la ruine, cette ruine du vivant, marchant de-ci de-là dans l’apothéose d’un somnambulisme conditionné, aveugle, sans guide, sans devenir, sans avenir.

Alors que s’amoncellent les mouroirs de ses racines, de ses pentes défigurées, bafouées, par des chiens errants, chiens de guerre, chiens de festins buboniques, chiens gorgés du sang des victimes autorisées par leur pouvoir de nain, écumes de nos jours où la vie fait retraite de ce pourrissoir légiféré, où chacun survit, tel naufragé, qui de la planche, qui du tonneau, qui de la malle, attendant l’île nouvelle, l’île du renouveau de l’Amour, afin de féconder l’avenir, les uns les autres, devant la coercition, la reptation, le parjure, délaissant cette ivraie à son propre déclin, déclin qui vient parade, déclin qui sème ses mensonges, profère ses louanges, déclin qui dans sa ruine animale, verra naître l’avenir de la Vie au-delà de ses oripeaux…

© Vincent Thierry