Des rives de ce temps

Des rives de ce temps

 

Aux rives de ce temps, dans l’errance ornementale de l’infatuation couronnée, se dresse le bilan de la délétère morbidité qui règne. Un monde à l’agonie, où l’Humain n’est plus qu’un point infinitésimal, même pas une intrigue, mais un complexe biologique qui est trait de la naissance à la mort par l’euthanasie mentale des aréopages spongieux de la déréliction. Un parasitisme dont les Humains n’ont su se défaire, orientant leur propre destruction, instrument brutal de la désintégration qui veille, se statufiant en usant du limon du sang et de la sueur, du limon de la sueur et des larmes des esclaves en reptation devant son désir de magnificence.

Magnificence de la monstruosité, et comment pourrait-il en être autrement ? La hideur étant le sommet de son orientation, la dénature son écrin, la trivialité sa nef consommée. Ici le sujet lui-même s’échappe pour se désigner, libre étron dont le fumet en décomposition grouille de ces vers qui le maintiennent encore pour mieux s’en nourrir. Là sont les vaniteux, les prévaricateurs, les faces illuminées de l’ombre qui roucoulent sur les charniers, toutes plèbes en rite de la pourriture gréée déesse qui singe dans l’apparence son indéfectible gravité, celle de la chute, la chute des âmes, la chute des esprits, la chute des corps, la chute de l’origine comme de l’avenir Humain.

Car ici, n’attendez de volition, n’attendez de déploiement, n’attendez de grandeur ! L’aristocratie naturelle n’y existe, remplacée par le nanisme d’une bourgeoisie d’apparat qui ne sait toujours pas prononcer une voyelle et encore moins une consonne. Et cette vêture de la plèbe la plus insultante pavane, institue sa morale, légifère sa déification. Née de la putridité, du vol, de la bassesse, de l’outrage, du pillage, de la forfaiture, de la lâcheté, elle s’achète une pureté qui n’existe que dans son imagination, mais ne fait illusion devant les vivants qui honorent leurs morts, ces milliards de femmes et d’hommes sacrifiés par ces phasmes qui n’ont d’obsession que celle du gain, par ventes interposées afin de ne pas salir leurs mains, leurs mains couvertes de sang, leurs mains répugnantes à souhait de tout ce qui constitue l’infamie, la barbarie !

Ne vous y fiez, leur regard torve et mielleux, leur sourire hypocrite et libidineux, leur grotesque assurance, ne sont là que pour vous appâter, que pour mieux vous dévorer. Il n’y a en leur lieu que ramifications de tout ce que le bubon peut inspirer, qu’il soit chancre ou métastase, toujours purulents leurs effluves sont nausées de soumissions et de reptations, confluents des arborescences du vide qui se réjouissent de leurs marques ataviques qui se réfléchissent par l’ignorance réglementée.

Car n’attendez ici d’intelligence, disparue au long cours des marchés, des cours des monnaies, des valeurs abruptes de l’abstraction qui rive ses domaines dans les pulsions, les impulsions et les convulsions ordonnées, celles de la destruction d’un Peuple, comme de l’anéantissement d’une firme, ou bien encore son addiction, cette bonne fortune qui mêle l’imaginaire et le réel, contrefaçon promouvant l’étonnant verbiage de la nullité offerte aux regards Comme beaux-arts. Il n’y a ici d’affliction plus totale en cette délétère perversion qu’enchantent les prestidigitateurs de ce système voué au harcèlement, à la putréfaction, à l’abîme.

Et les chantres de ces remous oiseux prolifèrent en discours pour déterminer une compassion, une direction, une orientation, reprise en chœur par le larbinage médiatique, noblesse de l’affairisme, promiscuité de l’humiliation la plus profonde où la raison n’existe que pour applaudir à la dérision de l’aubade gérée par la manipulation pandémique, ce ruisseau abscons où la frivolité mesure le degré de pertinence du viol des esprits, de ceux qui restent, car il y a belle lurette que l’esprit n’existe plus, consumé par la dénaturation.

Ainsi dans ce terreau de l’immondice acclamé, les applaudissements, les génuflexions, les congratulations fusent, synonymes d’une prostitution de bon aloi qui se gouverne par l’or et ses semblants. Ici se retrouvent toute la faune du nuisible, les maquereaux du vide, les péripatéticiennes et péripatéticiens de la monnaie somptueuse, où les corps à corps sont de dantesques fantaisies de la monstruosité, accouplements féroces de tout ce qui représente l’or avec l’ordure sa création.

La stérilité fort heureusement engendre la stérilité, et ces fins de races comme des gargouilles le savent, ainsi leurs fumerolles gravitées ne sont plus que de lointains appels pour les Peuples qui se lèvent, pour les Peuples, debout, qui ne sommeillent dans leur gruau de l’inconscience, et qui, avec une patiente infinie attendent leur heure, l’heure salutaire où la Terre lavera cette parodie, cette infection qui la couvre de ses injures, de ses crachats, de ses besoins immondes.

Car la Nature toujours renaît à l’équilibre, et ce jour qui vient, qui n’est pas si loin, ce jour naturel resplendira de leur disparition, dans la désintégration qu’ils auront eux-mêmes conjuguée, l’horizon enfin couleur de feu pourra reprendre sa course et l’Humanité l’enfantement de son avenir, ainsi et pour l’éternité.

© Vincent Thierry