Puisatiers des mondes

Puisatiers des mondes 

Des âmes de la nue nous sont venues, parfums mobiles des clameurs éveillées, et dans le sens des règnes, et dans la novation des termes, dans la frugalité d'un dessein adulé, couronné, celui du renouveau, portique de mémoires ataviques, ouverts sur le large horizon, où nefs, citadelles, villes aux coloris sublimes, s'étoffent d'un chant souverain, de stances se chevauchent, multiples et azurées dans le triomphe, la certitude d'un déploiement, constellation de ces oriflammes que les architectonies limpides ruissellent, conjonctions adventices sans égarement témoignant d'une paix intérieure, gravée, féconde, aux flores déployées, aux faunes alizées, aux cimes occidentales dont le tourbillon des circaètes annoncent les prémonitions, d'un monde d'azur le cœur qui palpite, cœur vaillant et fier, humble et rayonnant, délivrant aux hymnes leurs étoffes, ces pans d'histoires lambrissées qui façonnent l'Histoire et sa mesure, son ineffable partage, rançon du temps, de la mémoire, inscrivant le rescrit de nos pentes, déjà devisant l'essor de notre avenir, alors que dans la pluie solaire s'invente la Paix, des Etres de ce temps nuptial, debout et non assujettis, impériaux et non vassaux, libres en cette liberté ouvragée initiant le Pouvoir de la Vie, la Vie en toute face et par toute face acclamée et fertile, la Vie haute en harmonie devisant ses courses et ses sources, dans l'algue désir du partage, dans la sérénité de ce monde, déjà dans l'âge d'autres mondes, par delà les lagunes de notre système solaire, poussière dans l'infini qui se ramifie et nous ramifie, haute vague de l'humanité brisant le carcan des chaînes qui hier encore l'emprisonnait, des sciences puériles, des pouvoirs politiques balbutiants, des religions primitives, toutes sources sans avenir au regard des mondes à naître et conquérir, des civilisations à reconnaître et partager, des Etres à découvrir, sans nombre aux stances de la vie, du fleuve incarné la théorie de ruisseaux innombrables, par les espaces qui se dérivent, se concatènent, s'intègrent et se canalisent, flux de temps nouveaux, de temps antiques et présent, flux d'avenir explosant leurs féries dans des essors fabuleux, où l'Esprit veille indéfiniment, l'Esprit conquérant et glorieux, l'Esprit de la Vie au dessus des eaux hissant vers l'apogée sa sublime aventure portée par chaque luminosité des facettes du cristal qu'elle incarne, dont nous sommes conscience, espérance et ouverture, alors que la nef des mondes emporte nos équipages vers ces contrées fantastiques où notre demeure est règne, alors que dans le sursis du temps comme de l'espace nous voyageons d'univers en univers vers la source et le devenir, dans une préhension dont les arborescences fulgurent l'avenir comme le devenir de ce temps commun qui franchira les portiques de son lieu afin de se révéler à la réalité la plus éclairée, ainsi, tandis que puisatiers s'éveillent les veilleurs de ce monde pour prospérer sa densité éclose...

© Vincent Thierry